Pourquoi est-ce important?
De plus, les centaines de milliers de toits et de routes de couleurs sombres (et donc chauds car absorbant la chaleur du rayonnement solaire) des grandes villes augmentent les températures urbaines : c’est l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Face à l’augmentation de la température, la réaction courante est d’allumer la climatisation lorsqu’elle est disponible. La climatisation peut représenter 20% de la consommation d’énergie dans les grands immeubles de bureaux et une simple variation de 1°C peut représenter 10% d’économies d’énergie (2). En plus d’être une source importante d’émissions de gaz à effet de serre – la consommation d’énergie étant fortement tributaire des combustibles fossiles – la climatisation utilise également d’autres gaz à effet de serre puissants comme les hydrofluorocarbures (HFC).
Végétaliser les toits ou les murs extérieurs permet de mieux réguler la température d’un bâtiment et donc de consommer moins d’énergie. Cette régulation dite « passive » de la température intérieure constitue à la fois une mesure d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. Les surfaces végétalisées isolent les bâtiments l’été comme l’hiver, la biomasse agissant comme un isolant thermique, diminuant ainsi le besoin en énergie pour le chauffage et la climatisation. Plus largement, les bâtiments végétalisés permettent de limiter la surchauffe des villes en été grâce à l’évapotranspiration des plantes.
Outre l’aspect énergétique, l’installation d’un mur végétal apporte un confort supplémentaire sur le long terme. En fonction du type de façade choisie, il est possible de réduire les nuisances sonores liées à la circulation notamment, jusqu’à 8db, mais aussi de mieux retenir les eaux pluviales (entre 4 et 38 mm). Les façades végétalisées captent les particules fines, améliorant ainsi la qualité de l’air, et sont des refuges de biodiversité en ville (3).
Quelle est la solution?
Une paroi végétale consiste à installer des végétaux sur un mur ou une toiture. Il en existe plusieurs types:
- Les façades végétalisées consistent à recouvrir les surfaces des bâtiments avec des plantes grimpantes ou rampantes. Ces installations peuvent être réalisées à l’aide de treillis, de grilles, de systèmes de câbles, de panneaux préfabriqués ou de systèmes modulaires. Contrairement aux toits verts, les façades végétalisées peuvent être développées depuis le sol. Selon le type de plante choisie, cette option peut nécessiter relativement peu d’entretien.
- Les toits verts extensifs sont des installations légères et peu profondes qui utilisent des couches minces de substrat (environ 10 à 20 cm) pour soutenir une végétation robuste et résistante, telle que des plantes grasses et des herbes. Ils nécessitent généralement peu d’entretien et sont conçus pour une biodiversité limitée.
- Les toits verts intensifs sont des installations plus épaisses et plus lourdes qui permettent une grande variété de plantes, y compris des arbres, des arbustes et des jardins potagers. Ils nécessitent un substrat plus profond (30 cm ou plus) et peuvent nécessiter un arrosage régulier, une taille des plantes et une gestion plus soutenue.
- Les balcons et terrasses peuvent être végétalisés en installant des jardinières, des conteneurs ou des systèmes de plantation verticale. Ils offrent un espace pour la culture de plantes, de légumes et d’herbes, et profitent directement aux usagers des bâtiments (4).
Point d'attention
Il convient de préférer des plantes endémiques locales et de bannir les plantes invasives, dont l’impact sur l’environnement peut s’avérer particulièrement néfaste lorsqu’elles colonisent des écosystèmes locaux.
Les plantes mellifères sont à privilégier car elles attireront pollinisateurs et insectes butineurs.
Certaines plantes peuvent pousser de manière incontrôlable (bambou) ou endommager les surfaces sur lesquelles elles grimpent car leurs racines s’enfoncent dans la paroi (lierre). Il vaut mieux éviter ce type de végétation ou mettre en place les mesures d’atténuation du risque (installation d’une grille).
Bâtiment végétalisé
Actions clés
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#1. Évaluer les différentes options
Toits blancs, panneaux solaires, murs végétalisés, récupération d’eau de pluie, plusieurs solutions climatiques et environnementales sont envisageables. Évaluer et comparer ces options : faisabilité, avantages et inconvénient, ressources nécessaires (eau, énergie, main d’œuvre), couts d’installation et d’entretien, complémentarité, etc.
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#2. Évaluer le potentiel du bâtiment
Évaluer le site du bâtiment, le climat, le type de sol et les contraintes structurelles pour déterminer les possibilités du projet de végétalisation. Considérer toutes les surfaces extérieures ensoleillées, ainsi que les alentours du bâtiment. Pour un toit vert intensif, faire appel à un professionnel pour évaluer la charge que peut soutenir votre toit. Faire une projection réaliste de l’impact physique du projet sur les infrastructures existantes. Comment répondra-t-il aux précipitations, aux fortes chaleurs et aux vents forts?
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#3. Choisir l’approche et le système adaptés
Choisir le type de projet de végétalisation qui correspond le mieux aux critères du bâtiment et définir les objectifs (biodiversité, énergie, esthétique, isolation, etc.). Établir un plan de la surface à végétaliser. Utiliser le moins d’eau possible, réutiliser l’eau, privilégier une alimentation en eau en circuit fermé, hydrater/arroser le système la nuit. Identifier et atténuer les effets indésirables (choisir des plantes répulsives contre les moustiques).
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#4. Établir un budget
Établir un budget réaliste qui prend en compte l’installation, l’entretien et la maintenance à long terme de l’installation. Projeter les économies d’énergie au sein du budget.
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#5. Choisir des plantes adaptées
Veiller à choisir des variétés de plantes adaptées aux conditions climatiques locales, aux conditions du site et aux objectifs du projet. Sélectionner des plantes non-invasives avec des exigences d’entretien appropriées, et compatibles avec les surfaces sur lesquelles elles vont pousser/grimper.
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#6. Entretenir l’installation
Planifier l’entretien régulier de l’installation et former le personnel.
À considérer
Co-bénéfices potentiels
- Réduction de la facture d’électricité.
- Confort thermique pour les usagers (due à la diminution de la température intérieure).
- Atténuation de l’effet d’îlot de chaleur urbain.
- Protection de la biodiversité (plantes, insectes, oiseaux).
- Bien être des usagers et réduction du stress (proximité de la verdure).
- Amélioration de la qualité de l’air (poussières, particules fines, polluants).
- Protection du toit contre les dommages physiques (dus aux fortes intempéries).
- Réduction des nuisances sonores (isolation acoustique).
- Rétention de eaux pluviales.
Conditions de réussite
- Intégration de la végétation dès la phase de conception de nouveaux bâtiments ou de projets de réhabilitation.
- Participation d’un architecte ou d’un corps de métier compétent pour assurer l’intégrité structurelle du bâtiment.
- Espèces de plantes choisies adaptées au climat local (endémiques, consommation d’eau)
- Consommation d’eau anticipée, adaptée au contexte hydrique local et minimisée (recyclage des eaux de pluie ou des eaux usées traitées).
Conditions préalables et spécificités
- Une étude de faisabilité est essentielle et doit tenir compte de la structure du bâtiment.
- Réglementations locales en matière de construction et d’urbanisme sont à prendre en compte.
Risques potentiels
- Fuites d’eau, si l’installation n’est pas réalisée correctement.
- Eaux stagnantes qui peuvent favoriser la propagation de moustiques et de maladies, si l’installation est mal conçue.
- Plantes invasives, incontrôlables ou pouvant entrainer un entretien complexe, si le choix des plantes n’est pas fait correctement.
- Le poids supplémentaire de la terre et des plantes peut fragiliser une structure non-adaptée.
- Consommation excessive d’eau dans des régions à fort stress hydrique, selon les plantes et le système envisagés.
Outils et guides pratiques
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Guide des toits végétalisés, Greenskin, 2022
Ce document explique pour les raisons d’adopter un toit végétalisé pour les entreprises ainsi que les bénéfices de leurs mises en place.
Find here -
Guide des toitures végétalisées et cultivées pour un projet de qualité, Mairie de Paris, 2017
Ce document relate les différentes étapes à respecter pour réussir son projet de toitures végétalisées. Il explique aussi quels sont les éléments à observer pour la définition de son projet.
Find here -
Guide technique des toitures et terrasses végétales, Ecovégétal
Ce document explique les différentes méthodes de végétalisation des toitures en fonction des différents climats et différentes pentes de votre toiture.
Find here -
Guide du design et de la maintenance manuelle pour les toitures végétales arides et semi arides, Agence pour la protection de l’environnement des États-Unis, 2010
(en anglais) Ce guide explique les étapes à respecter lors du design, de l’implémentation ainsi que la maintenance des toitures végétales en climat aride et semi-aride.
Find here -
Réaliser des toitures vertes, Bruxelles environnement, 2013
Un guide précieux pour planifier la conception d’une toiture verte extensive, intensive, ou même d’un potager.
Pour aller plus loin
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Webinaire – Toit blanc, vert ou doublé – Comment aménager les toitures pour réduire la consommation d’énergie ?
Un webinaire organisé par le Climate Action Accelerator sur l’aménagement des toitures pour réduire la consommation d’énergie d’un bâtiment, contribuant ainsi au confort thermique intérieur des occupants et à l’allégement des couts. Cool Roof France y présente sa peinture blanche réfléchissante, Greenskin ses solutions de toitures plantées et isolantes. Des exemples de surtoitures et doubles toits sont aussi présentés. Le webinaire est disponible en relecture.
Find here -
Irrigation raisonnée des toitures, Ecovegetal
Cette page explique pourquoi et comment mettre en place un plan d’irrigation (éléments à prendre en compte).
European Scout Region of the World Organization of the Scout Movement
Toits blancs
Chauffage et climatisation
Construction et renovation
Webinaire – Toit blanc, vert ou doublé – Comment aménager les toitures pour réduire la consommation d’énergie ?
Puits Climatiques
Sources
(1) Agence Internationale de l’Energie et Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Rapport de synthèse sur les émissions et la politique en matière de refroidissement : Les avantages de l’efficacité du refroidissement et l’amendement de Kigali,2022. Lire ici (en anglais)
(2) ADEME, Écoresponsable au bureau : Actions efficaces et bonnes résolutions, 2020. Lire ici
(3) Ecohomes, Mur végétal, quel impact sur les charges ? Lire ici
(4) Batiadvisor, Tout ce qu’il faut savoir sur les toitures végétalisés. Lire ici
(5) Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis, Utilisation de toits verts pour réduire les îlots de chaleur, 2022. Lire ici (en anglais)
(6) Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis, Utilisation de toits verts pour réduire les îlots de chaleur, 2022. Lire ici (en anglais)
(7) Actu environnement, Les toitures végétalisées en croissance, 2023. Lire ici
(8) Agence Internationale de l’Energie, Communiqué de presse : Les mesures d’économie d’énergie prises par les citoyens de l’UE pourraient permettre d’économiser suffisamment de pétrole pour remplir 120 super pétroliers et suffisamment de gaz naturel pour chauffer 20 millions de foyers, 2022. Lire ici (en anglais)
(9) The Conversation, Cultiver des plantes sur les bâtiments peut réduire la chaleur et produire des aliments sains dans les villes africaines,2022. Lire ici (en anglais)
(10) Nature, Lois Sur Les Toit Durables À NYC, 2019. Lire ici (en anglais)
(11) Irrigazette, Casablanca : les premières tours végétalisées d’Afrique, 2019. Lire ici
(12) Greenskin, Nos réalisations d’architecture végétale. Lire ici
(13) France3-regions, Toulouse : un potager sur le toit de la clinique Pasteur, 2020. Lire ici
(14) Greenroofs, Comment les bâtiments de Johannesburg pourraient bénéficier des toits verts, 2019. Lire ici (en anglais)