Chauffage et climatisation

En réglant un climatiseur à 1 °C de plus, on peut réduire la quantité d’électricité utilisée jusqu’à 10 %. (5)

Le chauffage et la climatisation représentent 50 à 60% de la consommation d’énergie dans les hôpitaux et les bureaux. (8)

Craignant une pénurie d’énergie pendant les étés 2017 et 2018, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) a demandé à la population de prendre des mesures et de faire particulièrement attention à la climatisation. La climatisation représente en effet à elle seule près de 50 % de la consommation nationale d’électricité en Tunisie, et le nombre de climatiseurs a presque quadruplé entre 2009 et 2013, passant de 400 000 à près de 1,5 million d’unités. « Nous allons sensibiliser le consommateur à la nécessité de s’assurer, lors de l’acquisition du climatiseur, qu’il colle parfaitement à ses besoins réels, et qu’il ne soit pas énergivore, en consultant l’étiquette énergétique. Par ailleurs, le consommateur doit régler le climatiseur à 26 °C, puisque chaque degré en moins, engendre de 6 à 12 % de surconsommation. Il faut également qu’il évite d’ouvrir les portes et les fenêtres lorsque le climatiseur est en marche.  Il ne doit allumer les climatiseurs que dans les endroits où cela est strictement nécessaire. » (17)(18)

La ville iranienne de Yazd abrite un système d’anciennes merveilles d’ingénierie qui comprend une structure de réfrigération souterraine appelée yakhchāl ou encore un système d’irrigation souterrain appelé qanats. Parmi les technologies anciennes de Yazd figure le capteur de vent, ou bâdgir en persan. Ces structures remarquables sont souvent visibles au-dessus des toits de Yazd. Il s’agit souvent de tours rectangulaires, mais on en trouve aussi de forme circulaire, carrée, octogonale et d’autres formes ornementales. L’air qui entre dans la structure est poussé vers le bas en raison du changement de flottabilité de l’air en fonction de la température – l’air plus chaud ayant tendance à s’élever au-dessus de l’air plus froid et plus dense. L’air frais extérieur est ainsi canalisé vers le bâtiment situé en dessous. Le sable ou les débris eux se déposent au pied de la tour. L’air chaud intérieur s’élève et quitte le bâtiment par une autre tour ou ouverture, aidé par la pression à l’intérieur du bâtiment.(19)

Le Centre Hospitalier Universitaire de l’île de La Réunion va accueillir la technologie innovante de climatisation par l’eau de mer appelée SWAC (Sea Water Air Conditioning) sur son site de Saint-Pierre. Un projet unique au monde par sa taille et son utilité environnementale avec à la clé une réduction substantielle de la consommation électrique, à hauteur de 90% soit 10GWh par an, l’équivalent de la consommation d’une commune de 6 000 habitants et des économies sur les coûts de gestion du froid d’au moins 10%. La technologie consiste à pomper de l’eau froide en grande profondeur (environ 5 degrés à 1000m) et à transférer le froid contenu dans cette eau au réseau de climatisation de l’hôpital, au moyen d’un échangeur thermique. L’eau de mer qui ressort de l’échangeur thermique (à environ 12°C), est ensuite renvoyée dans l’océan à une profondeur adéquate à sa température, et sans impact sur son environnement. La mise en service est prévue pour 2023, pour une durée contractuelle de 20 ans. L’investissement représente un montant de 45 M€, cofinancé par le fonds européen de développement régional (FEDER) et l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).(20)

Le système du centre hospitalier de Cannes permet au maximum une différence de 6°C entre la température intérieure et extérieure. Les radiateurs ont été supprimés dans les circulations techniques où les portes sont souvent ouvertes. Des détecteurs de présence et de mouvement règlent l’éclairage. Un logiciel veille aux consommations et alerte lors de surconsommation. Les fontaines à eau énergivores ont été supprimées, les agents consomment de l’eau du robinet. Un processus de sensibilisation a été entrepris auprès des personnels à l’aide d’affichette dans les locaux et d’informations dans le journal interne, par exemple au sujet du réglage des températures dans chaque pièce. La facture d’énergie a ainsi baissé de 10% en 2015. (21)

En novembre 2022, le CHU de Lille a déployé un vaste plan de maîtrise énergétique afin de réduire rapidement sa consommation d’énergie tout en garantissant que celui-ci n’aurait aucune incidence sur la qualité des soins dispensés. La diminution de la consigne de chauffage est passée à 19°C, contre 20°C auparavant, et dans les chambres, à 21°C, contre 22°C. Les portes des services d’accès aux soins (SAS), qualifiées de « gouffres énergétiques », seront à terme munies de systèmes de fermeture automatiques. Selon le Directeur de l’établissement, « ces mesures devraient au total permettre une baisse de nos consommations d’au moins 7 %, soit 2 millions d’euros en moins sur la facture, l’équivalent de la consommation de 600 familles en moins d’un an.  » Cette démarche n’est pas nouvelle puisqu’entre 2011 et 2021, l’hôpital a réussi à faire baisser de 15% ses factures de gaz, de 14% celles d’électricité, alors que son activité, elle, n’a cessé d’augmenter. Le système de climatisation avait par exemple été remplacé par des groupes de froid nettement moins énergivores et beaucoup plus performant. (22)(23)

Pendant l’hiver 2022-2023, dans les bureaux de l’État de Fribourg, la température fut limitée à 19 °C et l’eau chaude supprimée, sauf besoin impératif. Il était interdit au personnel de compenser par un appareil de chauffage privé. Le canton de Berne a lui opté pour une température réglée à 20 °C dans les bureaux et les salles communes, 17 °C dans les salles polyvalentes et les ateliers, 13 °C dans les bâtiments et salles vides, et 7 °C dans les entrepôts et les garages.  La température dans les hôpitaux et établissements médico-sociaux fut fixée à 23 °C dans le canton de Genève. Dans le canton du Valais, il fut demandé de régler la température des chaudières des bâtiments publics entre 50 °C et 55 °C Des recommandations similaires ont été faites aux communes et entreprises. (24)

Mené depuis 2009 dans le canton de Genève, le projet GeniLac a pour but de remplacer les climatiseurs ainsi que les chaudières à mazout et à gaz grâce à l’hydrothermie. GeniLac fait partie de la stratégie climatique du canton et il est réalisé par les Services industriels de Genève (SIG). L’eau du lac Léman est utilisée pour chauffer et refroidir les bâtiments. «Cette ressource représente un réservoir énergétique quasi inépuisable et local. L’eau est puisé à 45 mètres de profondeur, elle est à une température constante toute l’année. Elle passe à travers des échangeurs mécaniques pour être utilisée en direct afin de rafraîchir les bâtiments en été. En hiver, cette eau est utilisé pour produire de l’eau chaude grâce aux pompes à chaleur, qui fonctionnent avec de l’électricité 100% renouvelable, ce qui réduit considérablement les émissions de CO2. » (25)

La Cidrerie de Domagné en Bretagne a changé de système de refroidissement en remplaçant ses onze compresseurs par une technologie à base d’ammoniaque. Cette action permet à la fois de devancer l’interdiction de certains gaz frigorigènes à l’horizon 2030 et de réduire la facture énergétique. En cumulant son impact avec les efforts réalisés par ailleurs, notamment en récupération de chaleur, Domagné a réduit sur 5 ans de 7 % ses factures de gaz et d’électricité, ce qui permet d’économiser annuellement 530 tonnes d’équivalent carbone ou 550 vols aller-retour Paris-New York. (26)