Un poteau électrique avec des fils démontrant le rôle important qu'il joue dans la consommation d'énergie des bâtiments.
Cover photo © Ralph Ravi Kayden/Unsplash.

Consommation d’énergie des bâtiments

La réduction de la consommation d’énergie des bâtiments repose tant sur l’efficacité que sur la sobriété énergétique. Alors que le premier fait principalement appel à la technologie et à la technique, la sobriété, elle, nécessite des changements de comportements et de pratiques, tant organisationnelles qu’individuelles. 

Quel est l’impact de l’énergie des bâtiments sur le climat ?

Entre 1971 et 2019, l’offre énergétique totale mondiale a été multipliée par 2,6. Nous produisons et consommons toujours plus d’énergie. Les énergies fossiles ont représenté plus de 80% de la production en 2019, comme les années précédentes. Le pétrole reste la source d’énergie la plus importante (30% en 2019), le charbon maintient sa deuxième position (>25%) et le gaz naturel son troisième rang (23%). En ce qui concerne la production mondiale d’électricité, le charbon reste la source d’énergie dominante (37 % en 2019), les énergies renouvelables progressent (27 %), le gaz naturel se maintient (24%), le nucléaire plafonne (10%) et le pétrole reste présent (moins de 3%). La consommation énergétique repose donc encore essentiellement sur les énergies fossiles. (1)

Le secteur du bâtiment, comprenant les volets construction et exploitation, représentait 36% de la consommation mondiale d’énergie et 37% des émissions de CO2 en 2020. L’industrie de la construction de bâtiments représente 6% de la consommation mondiale et 10% des émissions de gaz à effet de serre. L’exploitation des bâtiments résidentiels représente, au niveau mondial, 22% de la consommation d’énergie et 17% des émissions de gaz à effet de serre (GES). L’exploitation des bâtiments commerciaux (bureaux, entrepôts, etc.) représente 8% de la consommation et 10% des émissions. (2)

Les émissions des bâtiments résidentiels sont liées à la production d’électricité pour l’éclairage, l’électroménager et la cuisine, ainsi qu’au chauffage et au rafraichissement domestiques. Les émissions des bâtiments commerciaux, bureaux ou magasins, sont dues à la production d’électricité pour l’éclairage, les appareils et les connections, le chauffage et le rafraîchissement. 

Chiffres clés

55 %

La consommation électrique pour l’exploitation des bâtiments représente près de 55 % de la consommation mondiale d’électricitér (3)

20%

La climatisation peut représenter 20% de la consommation d’énergie des grands immeubles de bureaux (4)

10%

Un simple refroidissement de 1°c peut représenter une consommation d’énergie supplémentaire de 10% (5)

1 Gt/year

Peindre les toits en blanc réduirait de 1Gt/an les émissions de gaz à effet de serre, l’équivalent de 250 millions de véhicules (6)

Pourquoi la réduction de la consommation d’énergie est-elle importante ?

L’énergie la plus écologique, c’est l’énergie que l’on ne consomme pas. L’énergie est toujours produite à partir d’une ressource naturelle, encore en grande majorité d’origine fossile. Or, ces ressources sont limitées et s’épuisent même pour certaines (combustibles fossiles, matériaux servant à fabriquer équipements et réseaux énergétiques).  

Par ailleurs, la consommation énergétique croit au niveau mondial, comme au niveau individuel. Bien que croissante, la production d’énergies renouvelables ne remplace pas les sources fossiles, elle s’y ajoute.   

Les économies d’énergie constituent donc la priorité numéro 1 en matière de transition et de politique énergétique. Dans un monde aux ressources limitées, il s’agit d’un point incontournable pour atténuer son impact climatique et renforcer sa résilience.

Un bâtiment en briques avec des climatiseurs aux fenêtres.
© Thomas Layland/Unsplas

Pourquoi est-ce une question clé pour le secteur de l’aide ?

La consommation d’énergie des bâtiments représente une part importante de l’empreinte carbone d’une organisation humanitaire, autant dans les bureaux que sur les zones d’intervention. Le chauffage et la climatisation sont souvent une composante majeure de cette consommation. La réduction de la consommation énergétique constitue un levier d’action relativement facile et peu coûteux à mettre en œuvre pour le secteur. Une opportunité de réaliser des économies utiles, d’énergie et d’argent. 

Est-ce facile à mettre en œuvre ?

La consommation énergétique d’un bâtiment peut être réduite par diverses mesures techniques, dont la mise en œuvre peut être plus ou moins complexe. Les dispositifs de mesure ou de régulation automatique sont peu coûteux et faciles à installer, de même que l’application de peinture blanche sur le toit. Les équipements économes en énergie peuvent être un peu plus onéreux à l’achat que les modèles usuels mais, s’ils sont disponibles, ne présente pas de difficulté d’installation. La pose de matériaux isolants ou de doublage extérieur demandera une main d’œuvre qualifiée. 

À considerer

  • Conditions de succès

    • Créer une culture de l’économie d’énergie
    • Mettre en place des solutions collaboratives identifiées et définies avec les parties prenantes
    • Mettre en place un accompagnement au changement pour tout nouveau dispositif, équipement ou politique, y compris : 
      • Consultation et information des usagers 
      • Diffusion des manuels de bonnes pratiques et manuels d’utilisation 
      • Communication des résultats obtenus 
      • Mise en avant des co-bénéfices
    • Effectuer une maintenance rigoureuse des équipements 
  • Prérequis, spécificités, limites

    • Vérifier les performances énergétiques des appareils
    • Vérifier l’ensemble du cycle de vie des appareils, y compris amont et aval. 
  • Co-bénéfices potentiels

    • Gain financier grâce à la baisse des dépenses liées à l’achat de carburant ou d’électricité
    • Augmentation de la durée de vie des équipements
    • Réduction de la pollution de l’air et des nuisances liées à l’usage des générateurs, y compris réduction des déchets de garage
  • Point d'attention

    Dans certaines capitales, l’électricité est fournie par le réseau urbain, mais il y a de nombreux cas, sur les terrains en particulier, où l’organisation doit produire sa propre électricité. La plupart du temps cette électricité est produite par des générateurs très puissants qui fonctionnent au diesel. Les générateurs produisent souvent plus d’énergie qu’il n’est nécessaire, parfois 4 ou 5 fois plus, avec à la clé des émissions importantes et inutiles.  

Solutions clés

  • #1 Diagnostic et suivi

    Mieux connaitre sa consommation énergétique c’est mieux savoir la gérer. 

     Une organisation peut :  

    • Réaliser un diagnostic énergétique.  
    • Identifier et distinguer les dépenses et pratiques énergétiques nécessaires de celles qui sont superflues. 
    • Effectuer un suivi régulier des installations électriques. 
    • Proposer des équipements plus adaptés.  
    • Considérer la pose de boitiers électriques connectés, placés sur le compteur électrique, faciles à installer et peu coûteux, fournissant les informations nécessaires à la bonne connaissance et à la bonne compréhension des besoins énergétiques réels et au bon dimensionnement des équipements. 
  • #2 Sobrieté

    Faire évoluer les pratiques organisationnelles et individuelles représente une action essentielle et de long terme permettant de responsabiliser les comportements et de réduire nettement la consommation énergétique, dans les cadres professionnels comme personnels.  

    Une organisation peut :  

    • Identifier les pratiques liées à des dépenses énergétiques superflues, et agir sur celles-ci (ex : climatisation/chauffage trop fort poussant les employés à ouvrir les fenêtres). 
    • Identifier d’éventuelles alternatives bas-carbone (ex : encourager les employés à apporter un plaid au bureau) 
    • Réduire le chauffage et la climatisation centrale de ses bâtiments, d’au moins 1 degré. 
    • Harmoniser et définir des températures de consigne pour les bureaux, les résidences, les magasins et entrepôts nécessitants une température contrôlée. 
    • Rassembler des « bonnes pratiques » favorisant la sobriété énergétique  
    • Informer et sensibiliser l’ensemble des utilisateurs et/ou parties prenantes aux enjeux et bonnes pratiques.  
    • Développer la responsabilité des usagers en matière d’utilisation et d’entretien des équipements afin d’augmenter leur durée de vie.  
    • Communiquer les résultats obtenus.  
  • #3 Dispositifs de regulation automatique

    L’installation de dispositifs de régulation automatiques permet de réduire la consommation énergétique. Différents petits appareillages sont disponibles, peu coûteux et faciles à installer.  

    L’organisation peut installer :  

    • Des commandes automatiques (détecteurs de mouvements ou de présence) 
    • Des cellules photoélectriques, qui permettent l’allumage d’une lampe à partir d’un niveau de rayonnement lumineux réglé par l’utilisateur 
    • Des programmateurs (horloges) qui coupent l’alimentation électrique la nuit et le weekend 
    • Des interrupteurs crépusculaires, afin de gérer l’allumage et l’extinction de luminaires en fonction du rayonnement lumineux naturel 
  • #4 Equipements economes

    L’installation d’appareils consommant moins d’énergie sera éventuellement un peu plus coûteux à l’achat mais permettra de réaliser des économies financières et énergétiques importantes à moyen ou long terme.  

    Une organisation peut :

    • Utiliser autant que possible des appareils et équipements économes en énergie tels que : pompe à chaleur, climatiseur inverter, éclairages LED ou ampoules basse consommation, ballon d’eau chaude, etc.  
  • #5 Eclairage

    Éclairer moins et mieux en adaptant les éclairages et les usages.

    Une organisation peut :

    • Rationaliser l’éclairage des locaux en diminuant le nombre de sources lumineuses, en favorisant l’éclairage naturel, les éclairages localisés et les variateurs d’intensité.  
    • Adapter les horaires de travail pour utiliser l’éclairage naturel au maximum 
    • Privilégier les éclairages LED qui consomment peu et ont une durée de vie très longue, ou les ampoules basse consommation, plus coûteuses et qui durent également plus longtemps. Les éclairages LED permettent d’économiser 60 à 70% d’énergie par rapport aux ampoules classiques mais leur coût est deux à trois fois plus élevé.  
    • Proscrire les ampoules halogènes, très énergivores. 
  • #6 Rafraichissement et chauffage

    Réduire l’utilisation des climatiseurs et chauffages énergivores est une action indispensable pour diminuer drastiquement la consommation énergétique des bâtiments. 

    Une organisation peut :

    • Réduire la climatisation centrale de ses bâtiments, d’au moins 1 degré. 
    • Eviter les climatiseurs, très énergivores, et préférer la ventilation naturelle, les ventilateurs de plafond ou de fenêtre.  
    • Privilégier des systèmes de climatisation alternatifs moins consommateurs tels que climatiseurs inverters ou climatiseurs solaires.  
    • Assurer une mise en service, une maintenance et un déclassement responsables des appareils de climatisation qui contiennent des gaz à effet de serre à fort pouvoir réchauffant. 
  • #7 Mesures passives

    Les mesures passives sont des solutions architecturales ou techniques qui permettent d’améliorer la performance énergétique d’un bâtiment et le confort de ses usagers sans consommation d’énergie 

    Une organisation peut :

    • Installer un matériau d’isolation thermique sur la face extérieure de l’enveloppe du bâtiment et dans les combles.  
    • Construire des doubles parois séparées par une lame d’air si aucun matériau isolant n’est disponible.  
    • Installer des protections solaires sur les façades les plus exposées. 
    • Peindre les toitures en blanc ou avec une peinture isolante réfléchissante de type « Cool Roofs ».  
    • Végétaliser murs et toits. 
  • #8 Label

    Les labels énergétiques donnent une indication claire et simple sur l’efficacité énergétique et sur d’autres caractéristiques importantes des produits.  

    Une organisation peut :  

    • Identifier les appareils les plus performants énergétiquement en s’aidant des labels et des expériences acquises. 
    • Préférer l’achat de produits labélisés lors de tout renouvellement d’équipement.  

Expériences réussies

Cool roofs

Peindre en blanc avec une peinture réfléchissante isolante « Cool Roofs » les toits du supermarché E. Leclerc de Quimper a permis d’éviter 175 tonnes d’émissions de CO2 par an, d’économiser 20.000 Euros de consommation électrique et 5.000 Euros de maintenance par an pour un coût faible d’environ 20 Euros/m2. (7)

LED lighting

l’Université Heriot Watt à Édimbourg a installé un éclairage LED sur les routes et chemins du campus, ce qui a permis d’économiser environ 130 tonnes de CO2e par an et de réduire de 75 % la demande d’électricité pour l’éclairage public. (8)

Typha insulation

Le Typha australis, une plante invasive réputée nuisible pour les écosystèmes des zones humides, a été utilisée pour l’isolation thermique des bâtiments au Sénégal. Élément du programme national de réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers l’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment, ce programme fut soutenu par le Fonds mondial pour l’environnement et le Programme des Nations unies pour le développement. Il comprenait d’une part la mise en place d’une réglementation thermique ; et d’autre part la production de matériaux d’isolation à base de Typha, dont un volet Typha-ciment et un volet Typha-terre. (9)

Outils et bonnes pratiques

  • Diminuer la consommation énergétique des bâtiments

    Ce guide du Cerema présente les principales actions à mener, dans le cadre d'une stratégie d'intervention rapide et avec un budget contraint, afin de réduire la consommation énergétique des bâtiments

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  • Guide bâtiment durable

    Des actions en 13 dossiers pour minimiser la demande en énergie et choisir les techniques les plus appropriées

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  • Système de gestion de l’énergie tout en un

    Système de monitoring et de gestion de l’énergie

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Pour aller plus loin

Sources

(1) International Energy Agency, World Energy Balances, 2022. En anglais. En savoir plus.

(2) UN Environment Programme, 2021 Global Status Report for Buildings and Construction. En anglais. En savoir plus.

(3) UN Environment Programme, 2020 Global Status Report for Buildings and Construction. En anglais. En savoir plus.

(4) ADEME, Éco-responsable au bureau, 2020. En savoir plus.

(5) C. Booten, C. Christensen, and J. Winkler, Energy Impacts of Oversized Residential Air Conditioners— Simulation Study of Retrofit Sequence Impacts, 2014. En anglais. En savoir plus.

(6) Rapports du GIEC. En anglais. En savoir plus.

(7) « Cool Roofs : Toits blancs pour avoir moins chaud ! » En anglais. En savoir plus.

(8) Heriot Wat University, Carbon Management Plan 2015/16-2019/20. En anglais. En savoir plus.

(9) C. F. Akoussan, « Construire avec le Typha pour consommer moins d’énergie, » 2015. En anglais. En savoir plus.

 

Photo de couverture © Ralph Ravi Kayden/Unsplash.