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Le riz

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Le riz est un aliment de base important pour les organisations humanitaires, mais c’est l’une des céréales dont l’impact carbone par calorie fournie est le plus élevé. Diversifier l’achat de céréales, acheter du riz produit avec un impact moindre sur l’environnement et travailler avec ses fournisseurs pour favoriser de meilleures pratiques agricoles : il existe plusieurs façons pour une organisation de réduire les émissions liées à l’achat de riz.

Pourquoi est-ce important ?

A l’échelle globale, la production du riz à un impact considérable sur le climat, sur l’épuisement des ressources naturelles et sur la dégradation des écosystèmes. La culture de riz est une source importante d’émissions de méthane, un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO2. La production de riz est responsable d’environ 1,5% des émissions de gaz à effet de serre globales.[1] Plus de 160 millions d’hectares de terre servent à la riziculture[2], soit plus de trois fois la superficie de l’Espagne, et la production de riz consomme entre 24 et 30 %  de l’eau douce mondiale.[3]

Ces chiffres doivent être mis en perspective. Globalement, le riz est l’une des cultures les plus importantes au monde et constitue un pilier de la sécurité alimentaire dans de nombreux pays. Le riz fournit près de 20% de l’apport calorique mondial.[4] Plus de 3,5 milliards de personnes dans le monde ont recours au riz comme élément de base de leur alimentation.[5] La consommation s’élève à plus de 510 millions de tonnes par an[6], ou 16000 kg par seconde et assure la subsistance de près d’un milliard de personnes, dont 144 millions petits producteurs.[7] Même si son impact est relativement élevé par rapport aux autres céréales ou légumineuses, le riz a toujours un impact plus faible sur l’environnement par calorie consommée que des aliments comme de la viande ou les produits laitiers.[8]

Quelle est la solution ?

Plusieurs solutions existent pour des organisations qui souhaitent baisser l’impact environnemental et les émissions de CO2 liées à l’achat de riz. En premier lieu, une bonne planification permet d’acheter uniquement les quantités nécessaires et d’éviter le gaspillage. Ensuite, il existe des alternatives au riz émettant moins de carbone et avec un apport nutritionnel semblable voir meilleur. C’est le cas de plusieurs autres céréales ou légumineuses (cf liste ci-dessous). Le riz produit environ 3 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre par kg que, par exemple, les lentilles, principalement sous forme de méthane et d’oxyde nitreux.[9] En outre, il existe des différences par pays et type de riz en ce qui concerne les émissions. Par exemple, le riz blanc émet en moyen 30% moins que le riz basmati.[10]

Un autre levier d’action est de s’approvisionner en riz ayant été produit avec des techniques plus durables et émettant moins de carbone. Par exemple, il est possible de diminuer de 80% les émissions de méthane via une gestion de l’eau en bi-drainage ou d’utiliser des engrais biologiques et compostée. Cela nécessite une collaboration plus étroite avec les fournisseurs afin d’être en mesure de garantir l’origine des produits et de mieux informer sur les pratiques appliquées. Pour aller plus loin, il est possible pour une organisation de mettre en place des projets de réduction de l’impact environnemental en soutenant directement les producteurs de riz.

11,5%

Production de riz = 11,5% des émissions mondiales de l’agriculture (11)

2.8 kg CO2e

La production de 1kg de riz blanc émet 2.8 kg CO<sub>2</sub>e(12)

0.6 kg CO2e

La production de 1 kg de sorgho émet 0.6 kg CO<sub>2</sub>e (13)

24-30%

La culture du riz utilise environ 24 à 30 % des ressources en eau douce du monde entier.(14)

  • Comment la production de riz contribue-t-elle au changement climatique ?

    Le riz est cultivé principalement dans des champs inondés, les rizières. Ainsi, la stagnation d’eau bloque la pénétration d’oxygène dans le sol et fournit les conditions idéales pour le développement de bactéries émettrices de méthane. Plus l’inondation des champs dure, plus les émissions de méthane sont importantes. D’autres facteurs influencent l’émission de gaz à effet de serre lors de la production du riz : le type de riz, le rendement par hectare, la gestion des pailles de riz,  l’énergie utilisée pour l’irrigation, l’utilisation ou non des engrais. Les émissions par kg de riz peuvent ainsi varier considérablement.

    La production de riz contribue au changement climatique mais elle en est aussi impactée. Sans mesures d’adaptation aux changements de température et de pluviométrie, la production et les rendements de riz subiront des pertes importantes. Bien qu’il y ait des différences selon les régions, l’impact global du changement climatique sur la production de riz sera dans l’ensemble plus négatif que positif.(15)

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© Sandy Ravaloniaina/Unsplash.

Actions clés

  • #1 Planifier la demande

    Améliorer les prévisions et planifier stratégiquement les achats afin d’acheter uniquement les quantités requises et d’éviter le gaspillage. Si des quantités trop importantes sont achetées, coopérer avec d’autres organisations pour les revendre ou les donner.

  • #2 Acheter des alternatives

    Acheter des alternatives au riz ayant un impact carbone moindre. Voir la liste ci-dessous pour une vue d’ensemble des impacts des différentes céréales et légumineuses. Attention, les données sur les impacts environnementaux (y compris les facteurs d’émission) reflètent une généralité moyennée, mais ne prennent pas en compte les différences selon la région de production, les pratiques agricoles, les situations environnementales locales ou encore la production bio. Ainsi, les organisations peuvent identifier des options pour réduire leur empreinte, tout en ayant conscience de leurs limites.

    Voir la liste ci-dessous pour des exemples de céréales et légumineuses alternatives ayant l’impact environnemental global le plus faible par kg de produit (brut).

  • #3 Changer le pays d’origine et le type de riz

    Opter pour du riz en provenance d’un pays avec des émissions liées à sa production moins élevées. Éviter le riz basmati qui émet plus de CO2e par kg que des autres types de riz.(16)

  • #4 Sélectionner du riz issu d’une production plus durable

    Travailler avec les fournisseurs pour s’approvisionner auprès de producteurs qui agissent sur les émissions liées à la production. Par exemple, ceux qui travaillent à réduire la période d’inondation, à mieux gérer les ressources en eau ou encore à diminuer l’utilisation d’engrais. Le manque de traçabilité dans les chaines d’approvisionnement et la garantie d’origine peuvent constituer des obstacles. La signature de contrats à long-terme avec un cercle restreint de fournisseurs peut permettre de développer une filière plus durable ou l’achat de riz certifié (cf. ci-dessous).

  • #5 Mettre en place des projets d’amélioration des pratiques agricoles

    S’investir dans l’amélioration des pratiques agricoles au sein de ses chaînes d’approvisionnement en mettant en place des projets dédiés pour réduire les émissions liées à la production du riz au niveau des producteurs. Plusieurs leviers existent :

    • Gestion de l’eau : différentes techniques existent pour minimiser la quantité d’eau utilisée, et pour réduire le temps d’inondation des champs (17)
    • Gestion des pailles de riz : les émissions de méthane augmentent lorsque la paille de riz fraîche (non compostée) est ajoutée à des champs inondés, en particulier s’ils ne sont labourés que juste avant la plantation
    • Utilisation de variétés respectueuses de l’environnement et résilientes au climat: choisir des semences qui sont résistantes aux conditions climatiques locales actuelles et futures, avec le même rendement de production
    • Utilisation d’engrais : réduire l’apport d’engrais chimiques qui dégradent les sols et augmentent l’activité microbienne fortement émettrice de méthane

Exemples de céréales et légumineuses alternatives

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  • Haricots (flageolet, blanc, rouge)
  • Blé de Khorasan
  • Sorgho
  • Blé
  • Pois cassé
  • Mais
  • Fèves
  • Lentilles
  • Millet
  • Point d’attention

    Le riz est un aliment de base généralement acheté en gros. La traçabilité jusqu’à l’exploitation est en général difficile à obtenir. Il est donc complexe pour les acheteurs de distinguer le riz provenant d’exploitations qui travaillent à la réduction de l’impact climat de celles qui utilisent des méthodes de production classiques.

A considérer

  • Co-bénéfices potentiels

    • Des relations plus étroites et de long-terme avec des fournisseurs engagés.
    • Des productions plus résiliantes aux changements climatiques et aux dégradations environnementales.
  • Facteurs de réussite

    • Formation des acheteurs.
    • Implication des nutritionnistes dans l’identification des alternatives.
  • Prérequis & Spécificités

    • Disponibilité des alternatives au riz (selon la région, la saison).
    • Informations disponibles et traçabilité du riz acheté.
    • Pour les producteurs (18):
      • disponibilité d’un soutien financier et technique pour les producteurs qui souhaitent réduire l’impact climat de leur production de riz ;
      • amélioration des connaissances dans la gestion de l’eau et l’applicabilité de techniques d’irrigation ;
      • meilleures connaissances dans les avantages en termes de rendement des pratiques moins émettrices en carbone ;
      • informations sur le rapport coût-efficacité/bénéfice de ces techniques.
  • Risques éventuels

    • Des prix plus élevés à l’achat du produit.

Expériences réussies

Systèmes complexes du riz

Les systèmes rizicoles complexes (SRC) sont des concepts agricoles qui utilisent des combinaisons de plantes, d’animaux et leurs interactions ainsi que des approches traditionnelles et modernes pour améliorer les processus écologiques, permettant ainsi d’éliminer les produits agrochimiques dans les agro-écosystèmes rizicoles tout en améliorant les rendements élevés du riz et la productivité de l’ensemble de l’exploitation. (19)

Partenariat Nestlé – IRRI

Le projet « Direction-Zéro C » est une collaboration entre Nestlé Indonésie et l’Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI). Il se concentre sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre grâce à une gestion plus précise de l’eau et des nutriments ainsi que via l’utilisation d’outils numériques innovants dans la gestion de l’irrigation en temps réel. Les premiers résultats sont encourageants avec des réductions de 30 % de la consommation d’eau et de 48 % des émissions de méthane. (20)

Outils et bonnes pratiques

  • Label SRP-Verified – Plateforme pour le riz durable (en anglais)

    Le label SRP-Verified est un système d'assurance pour la culture durable du riz basé sur le standard ». Il se compose de trois niveaux de conformité : l'auto-évaluation puis les vérifications par une seconde et tierce partie. Le système ne propose pas actuellement de certification. La norme se compose de 41 critères répartis en 8 secteurs, dont 7 concernent la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour obtenir le statut de vérification de niveau 3, les agriculteurs doivent obtenir au moins 90 points sur 132. GLOBALG.A.P. gère la mise en œuvre du programme en sa qualité de prestataire de services d'assurance.

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  • Mouillage et séchage : Réduire les émissions de gaz à effet de serre et économiser l'eau dans la production de riz, WRI, 2014 (en anglais)

    Ce document donne un aperçu des approches visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à économiser l'eau dans la production de riz. Il résume les différentes techniques disponibles, et discute de leurs effets potentiels sur les rendements, les émissions et l'utilisation de l'eau, ainsi que les défis à relever pendant la phase de mise en œuvre. Il constitue une excellente introduction au sujet, facile à comprendre.

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Organisations

  • Plateforme pour le riz durable

    La mission de la Plateforme pour le riz durable est de catalyser la transformation du secteur rizicole mondial en développant des outils et en mobilisant les parties prenantes du secteur pour promouvoir l'adoption de meilleures pratiques dans les fermes, relier les agriculteurs aux marchés et offrir une base normative objective pour l'élaboration des politiques. La plateforme a développé la première norme de vérification pour la culture durable du riz, le label SRP-Verified.

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  • Initiatives sur les territoires rizicoles durables

    Lancée en 2018 par le PNUE, le WBCSD, la FAO et des autres organisations publics et privés, cette initiative fournit des solutions innovantes et durables aux riziculteurs et aux acteurs de la chaine d’approvisionnement. Elle vise à améliorer la gestion des ressources, réduire l’impact climatique et environnemental, maximiser le rôle des rizières en tant qu’habitats pour la biodiversité, puits de carbone et sources de services écosystémiques.

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  • Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI)

    L’IRRI se consacre à la lutte contre de la pauvreté et la faim chez les personnes et les populations qui dépendent des systèmes agroalimentaires à base du riz. Il vise à améliorer la santé et le bien-être des riziculteurs et des consommateurs, en faisant la promotion de la durabilité environnementale dans un monde confronté au changement climatique et en soutenant l’autonomisation des femmes et des jeunes dans l’industrie du riz.

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  • Université de Wageningen, Pays-Bas

    Le groupe Écologie des systèmes agricoles (FSE) de l'Université de Wageningen (WUR) travaille à l'analyse et l’évolution des systèmes agricoles et des options alimentaires. Ses chercheurs ont participé à la mise en place du système complexe de production de riz en Indonésie, mentionné ci-dessus.

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Pour aller plus loin

  • Initiative sur les territoires rizicoles durables, Appui de l'investissement du secteur privé dans le riz durable : besoins et opportunités (en anglais)

    Le rapport vise à comprendre comment les partenariats publics et privés peuvent être mieux utilisés pour augmenter les investissements dans les systèmes et territoires de production rizicole durable, et conduire une transition à grande échelle englobant les acteurs de toute la chaîne de valeur du riz.

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  • Carte interactive des émissions des rizières (en anglais)

    Climate TRACE utilise des données satellites et d'autres techniques de télédétection ainsi que l'intelligence artificielle pour fournir un aperçu détaillé des émissions mondiales. La carte interactive montre, entre autres, les émissions de méthane provenant de la décomposition anaérobie de la matière organique dans les rizières.

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Sources

(1) WRI, More Rice, Less Methane, 2014, En savoir plus

(2) Statista, World rice acreage from 2010 to 2020, En savoir plus

(3) Sustainable Rice Platforme, lien :  En savoir plus

(4) Elert, E. Rice by the numbers: A good grain. Nature 514, S50–S51, 2014, En savoir plus

(5) Sustainable Rice Platform, En savoir plus

(6) Statista, Total global rice consumption 2008/09-2020/21, En savoir plus

(7) International Rice Research Institute, Knowledge Bank, Water Management, En savoir plus

(8) WRI, Creating a sustainable food future. A Menu of Solutions to Feed Nearly 10 Billion People by 2050, 2019, p. 76, En savoir plus

(9) AGRIBALYSE® v3.1, En savoir plus

(10) AGRIBALYSE® v3.1, En savoir plus

(11) FAOSTAT, Totaux des émissions, En savoir plus

(12) AGRIBALYSE® v3.1, En savoir plus

(13) AGRIBALYSE® v3.1, En savoir plus

(14) International Rice Research Institute, Knowledge Bank, Water Management, En savoir plus 

(15) Teng, Paul P. S., et al., The Future of Rice Security Under Climate Change, 2016, En savoir plus

(16) AGRIBALYSE® v3.1, En savoir plus

(17) Les options concernant la gestion d’eau sont présentées dans cet article : Adhya, T. K. et al., Wetting and Drying: Reducing Greenhouse Gas Emissions and Saving Water from Rice Production, Working Paper, 2014, En savoir plus

(18) WRI 2014, En savoir plus

(19) Complex Rice Systems, 2020, En savoir plus

(20) IRRI, « Nestlé Indonesia and IRRI team up to reduce the carbon footprint of Indonesian rice production », 2021. En savoir plus.

 

Photo de couverture © Adrian Gomez/Unsplash.