Immeubles de grande hauteur abritant des banques dans une ville.
© Tony/Pexels.

Banques

Suivant la banque où il est placé, l’argent peut devenir le premier poste d’émissions de CO2 d’individu ou d’une organisation. En choisissant une banque qui tient compte des impacts climatiques lors de l’octroi de prêts ou qui dit non au financement d’énergies fossiles, une organisation peut réduire significativement ses émissions et contribuer à accélérer la transition vers une économie bas-carbone.

Chiffres clés

15 tonnes

L’empreinte carbone annuelle moyenne d’un Français est de 11,2 tonnes équivalent CO2, celle de son épargne grimperait à environ 15 tonnes eqCO2 pour 25.000 euros placés dans un grande banque française. (1)

4 600 milliards USD

Le financement des combustibles fossiles par les 60 plus grandes banques du monde a atteint 4 600 milliards de dollars au cours des six années qui ont suivi l’adoption de l’Accord de Paris (2)

 

4 sur 15

plus grandes banques de détail suisses ont été jugées inadéquates par le WWF pour l’examen de la durabilité des prêts (3)

 

Quelle est la solution ?

S’informer puis choisir une banque qui prend des mesures pour réduire les émissions de carbone, en cessant de financer les combustibles fossiles ou encore en développant ses investissements dans les énergies propres et les entreprises du développement durable. Un processus clair et robuste de filtrage des demandes de prêt est nécessaire afin de  rejeter les demandes jugées trop gourmandes en carbone.

En général, les banques basées sur l’actionnariat sont moins vertueuses car elles se concentrent souvent sur le court terme et les rendements avant tout. Les banques mutualistes et coopératives sont généralement plus éthiques ou plus vertes en raison de la pression plus forte exercée par leurs sociétaires.

Pourquoi est-ce important ?

Les banques jouent un rôle clé dans l’équation climatique. Elles sont indispensables pour financer la transition mais peuvent aussi contribuer à aggraver le dérèglement climatique, en finançant le développement d’activités incompatibles avec les objectifs climatiques internationaux, comme les énergies fossiles. Suivant la banque où il est placé, l’argent peut devenir le premier poste d’émissions de CO2 d’individu ou d’une organisation. (4)

L’empreinte carbone d’une banque comporte deux éléments : les opérations de la banque elle-même (ses immeubles de bureaux, ses serveurs informatiques, les déplacements de ses dirigeants) et les prêts qu’elle accorde à d’autres entités. Les efforts déployés par une banque pour réduire les émissions liées à ses activités sont les mêmes que ceux de tous prestataires de services : achat d’énergie provenant de sources renouvelables, recours à la téléconférence plutôt qu’à l’avion, etc. Les activités de financement de la banque ont la plupart du temps un impact beaucoup plus important sur le climat et peuvent entraîner des changements majeurs dans nos sociétés. Les banques sont relativement libres de choisir à qui elles prêtent et pour quoi faire, et leurs critères varient généralement d’une banque à l’autre. Par exemple, la banque A peut accepter d’accorder un prêt à une compagnie d’électricité pour la création d’une nouvelle mine de charbon à ciel ouvert, alors que la banque B peut refuser en raison de l’impact du projet sur le climat.

La majeure partie des ressources d’une banque repose sur les dépôts de la clientèle (individus, entreprises, collectivités). Le volume d’argent déposé détermine la capacité de prêt d’une banque vers d’autres entreprises, et donc son importance et son influence. Les volumes financiers des organisations de l’aide peuvent parfois être très conséquents. Pour illustrer, le budget final du CICR en 2021 était 2.37 milliards CHF. (5) Si une telle organisation d’ampleur décidait de retirer ses dépôts de sa banque pour le déposer au sein d’une banque plus vertueuse, non seulement cette organisation contribuerait à réduire significativement son impact climatique et à financer plus de durabilité, mais, compte tenu des volumes d’argent importants en jeu, elle enverrait également un signal fort à sa banque, qui susciterait sans doute une réaction de la part de la direction et éventuellement un changement. Si l’organisation décidait en plus de communiquer publiquement sur son choix, cela pourrait même susciter réactions et évolutions de la part de la communauté financière plus largement.   

Un homme tenant une carte de crédit tout en utilisant un ordinateur portable pour effectuer des opérations bancaires en ligne.
© rupixen.com/Unsplash.

Solutions clés

  • #1 Questionner votre banque actuelle

    Entamez un dialogue avec votre banque sur ses efforts pour décarboner ses activités et ses investissements. Quelles politiques et quels objectifs ont été établis ?

  • #2 Changer de banque

    Si votre banque n’agit pas sur le climat, changez pour une banque plus engagée en la matière. En particulier une qui cesse de financer les combustibles fossiles et qui développe ses investissements dans les énergies propres et les entreprises du développement durable.

  • #3 Faire pression sur les banques en tant qu'actionnaire

    Si vous détenez des actions d’une banque dans votre portefeuille d’investissement, exprimez-vous lors de l’assemblée générale annuelle et exigez que la banque cesse de financer les entreprises et les projets qui ont une forte empreinte carbone, comme le financement des combustibles fossiles.

  • #4 Se faire accompagner

    Des organisations expertes des questions financières et de finance verte serons ravies de vous aider à sauter le pas et de vous guider tout au long du processus de questionnement ou de changement de banque. (6)

Expériences réussies

Les banques françaises

Selon les ONG spécialistes, comme Oxfam ou Reclaim Finance, si aucune banque n’est parfaite, certains établissements offrent des garanties crédibles sur leur volonté de répondre à l’urgence climatique, comme La Nef, le Crédit Coopératif et La Banque Postale en France. La NEF par exemple ne financerait que des projets à impacts neutres et positifs, notamment autour des énergies renouvelables et de l’agriculture biologique. Le Crédit Coopératif lui serait au service de l’économie sociale et solidaire en soutenant des entreprises et organisations engagées dans l’économie réelle.

Certaines grandes banques comme le Crédit Mutuel enclencheraient également peu à peu leur transition écologique. Elle est aujourd’hui la seule banque française à publier l’intégralité de l’empreinte carbone de son portefeuille de crédits ainsi que la répartition de son empreinte carbone par secteur d’activité. Par ailleurs, en octobre 2020, la banque s’est aussi engagée à réduire de 15 % l’empreinte carbone de son portefeuille grandes entreprises d’ici à 2023. Si le chemin à parcourir est encore long, ces annonces montrent un certain degré d’évolution. (7)

Banque Triodos

La Banque Triodos est devenue l’une des banques les plus durables au monde en mettant en œuvre des normes minimales étendues pour les entreprises dans lesquelles elle investit, excluant ainsi les sociétés productrices de combustibles fossiles et favorisant les énergies renouvelables. Elle est certifiée B Corp depuis 2015 et est membre de « Global Alliance for Banking on Values». (8)

La Banque Postale

La Banque Postale – une grande banque française avec 901,7 milliards de dollars d’actifs – s’est engagée à mettre fin au financement de toutes les entreprises qui exploitent le pétrole et le gaz, et à sortir complètement du secteur d’ici 2030. Des banques telles que le Crédit Agricole et Nordea Bank ont pris des engagements similaires concernant le charbon. (9) (10)

UBS

L’UBS a reçu la meilleure note globale de durabilité parmi les 15 plus grandes banques de détail suisses dans une étude 2020/2021 du WWF Suisse. Elle est la seule banque de l’étude à avoir obtenu des notes supérieures à la moyenne pour tous les éléments de la gouvernance d’entreprise, de l’épargne, des investissements et de la prévoyance, ainsi que des prêts et du financement. (11)

Banque alternative suisse

Les activités commerciales d’Alternative Bank Schweiz AG sont fortement orientées vers la promotion du bien commun, de l’humanité et du monde naturel. Fondée en 1990, ABS a un actif total de plus de 2,2 milliards de francs suisses et compte plus de 42 000 clients. En tant que banque responsable sur le plan social et environnemental, elle met l’accent sur ses principes éthiques et semble s’éloigner de la priorité donnée à la « maximisation des profits » par-dessus tout. (12)

Outils et bonnes pratiques

  • Change de banque

    Comprendre le lien entre finance et climat et évaluer différentes banques françaises

    En savoir plus
  • Calculateur en ligne de l'empreinte carbone d'un compte bancaire

    Par Oxfam France

    En savoir plus
  • Outil de suivi des politiques financières du charbon

    Analyse des politiques charbonnières des institutions financières, par Reclaim Finance

    En savoir plus
  • Outils de suivi des politiques financières du du pétrole et du gaz

    Suivi des politiques visant à restreindre le soutien à l'industrie pétrolière et gazière, et détection des lacunes et des failles, par Reclaim Finance

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  • Comment choisir une banque sur une planète en voie de disparition

    Huit questions à poser à votre banque en 2022. Votre banque nuit-elle ou aide-t-elle la planète ? Voici comment le découvrir (en anglais)

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  • Ressources pour transférer votre argent vers une banque plus verte

    Par stopthemoneypipeline

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  • Comment choisir une banque sur une planète en voie de disparition

    Un outil développé par Bank for Good pour trouver une banque, une coopérative de crédit ou une autre institution financière qui ne finance pas les combustibles fossiles (en anglais)

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  • Ressources pour transférer votre argent vers une banque plus verte

    Par stopthemoneypipeline (en anglais)

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  • Guide du choix de la banque

    Par Les Amis de la Terre France

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Pour aller plus loin

Sources

(1) 20 Minutes, Climat : L’épargne est-elle un poids lourd de notre empreinte carbone ?, 2022. En savoir plus.

(2) Banking on Climate Chaos, Fossil Fuel Finance Report 2022. En anglais. En savoir plus.

(3) Sustainability in the Swiss Retail Banking Sector: WWF Rating of the Swiss Retail Banking Sector 2020/2021, WWF Switzerland 2021. En anglais. En savoir plus.

(4) Oxfam France, Comment les banques françaises aggravent les changements climatiques, 2022. En savoir plus.

(5) ICRC Annual Report 2021: Facts and Figures. En anglais. En savoir plus.

(6) Change de banque. Consultez leur site.

(7) Oxfam France, Comment les banques françaises aggravent les changements climatiques, 2022. En savoir plus.

(8) Triodos Bank, ‘Our minimum standards provide the boundaries on what we finance’. En anglais. En savoir plus.

(9) Banking on Climate Chaos, Fossil Fuel Finance Report 2022. En anglais. En savoir plus.

(10) La Banque Postale, ‘La Banque Postale accélère sa stratégie de décarbonation’. En savoir plus.

(11) Sustainability in the Swiss Retail Banking Sector: WWF Rating of the Swiss Retail Banking Sector 2020/2021, WWF Switzerland 2021. En anglais. En savoir plus.

(12) Alternative Bank Switzerland, Exclusion Criteria. En allemand. En savoir plus.

 

Photo de couverture © Tony/Pexels.