Pourquoi est-ce important ?
Dans un monde globalisé où les voyages font partie de la vie quotidienne et le transport aérien est désormais considéré comme une activité ordinaire, l’aviation est devenue l’une des sources d’émissions de gaz à effet de serre dont la croissance est la plus rapide, contribuant actuellement à 2,4 % des émissions mondiales de CO2e(1). D’ici 2050, cette part pourrait atteindre 22 %(2). Au niveau sectoriel, les déplacements professionnels représentent 7 % de l’empreinte carbone totale du secteur de l’aide internationale.(3)
Outre le CO2 émis par la combustion des carburants, les moteurs des avions affectent également la concentration d’autres gaz et polluants atmosphériques. Lorsqu’elles sont émises à haute altitude, ces émissions modifient les propriétés physiques et chimiques de l’atmosphère, entraînant une augmentation des gaz à effet de serre et la formation potentielle de cirrus (nuages linéaires formés par la vapeur d’eau et les particules d’échappement) de longue durée.(4) Si l’on tient compte de ces effets, l’aviation a contribué à 4 % de l’augmentation de la température mondiale depuis l’ère préindustrielle.(5)
L’impact de l’aviation sur le climat devrait augmenter de 200 à 360 % d’ici à 2050, même avec une utilisation maximale de carburants alternatifs à faible teneur en carbone.(6)
Quelle est la solution ?
La solution pour réduire les émissions de carbone dans les transports aériens passe par plusieurs stratégies clés. Tout d’abord, le fait de n’autoriser que la classe économique réduit considérablement les émissions de CO2 par passager grâce à des sièges plus légers et plus nombreux et à moins de commodités. Deuxièmement, prendre des vols directs et le meilleur itinéraire(7) minimise les phases de décollage et d’atterrissage qui consomment beaucoup de carburant. Troisièmement, les avions économes en carburant offrent des améliorations grâce à une technologie avancée qui peut réduire considérablement la consommation d’énergie en vol. Enfin, le fait de choisir des compagnies aériennes plus efficaces, qui maximisent le nombre de sièges, affichent des facteurs de charge élevés et réalisent des opérations plus efficaces, contribue à réduire davantage les émissions.(8)
Point d'attention
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Point d'attention
Le forçage radiatif : Les rails de condensation de la vapeur d’eau générés par les avions contribuent à la formation de cirrus. Ces nuages piègent le rayonnement infrarouge sortant plus efficacement qu’ils ne réfléchissent le rayonnement solaire entrant, participant ainsi au réchauffement. Lorsque l’on calcule les émissions de CO2 dues aux transports aériens, on ajoute la mesure du forçage radiatif (IFR).(9) Des études montrent que leur effet équivaut au double, voire au triple des émissions de CO2 provenant de l’aviation.(10) Cela signifie que plus de 60 % de l’impact de l’aviation sur le réchauffement de la planète pourrait provenir d’effets autres que le CO2.(11)
Actions clés
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#1 Voler en classe économique
Les vols en classe affaires émettent 3 fois plus de CO2 e par passager qu’en classe économique (et 9 fois plus en première classe). En classe économique, où les sièges sont plus petits, plus légers et moins nombreux, chaque passager représente une part moindre des émissions de carbone de l’avion. Il y a moins de commodités, moins de services supplémentaires et moins de bagages, ce qui augmente encore le poids total de l’avion (voir la fiche « Billets d’avion en classe économique« ).
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#2 Préférer les vols directs
Le décollage et l’atterrissage consomment beaucoup de carburant. Au cours du décollage, les moteurs des avions fonctionnent à leur poussée maximale, consommant une quantité substantielle de carburant pour prendre de l’altitude. De même, l’atterrissage nécessite une quantité considérable de carburant pour contrôler la descente et maintenir des vitesses sûres. C’est pourquoi les vols directs réduisent considérablement les émissions (voir la fiche « vols directs« ).(16).
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#3 Favoriser les compagnies aériennes plus efficaces
L’efficacité des compagnies aériennes est déterminée par des facteurs tels que la consommation de carburant, le type de moteur, les ailettes, le nombre de sièges et la capacité de chargement, le taux de remplissage des passagers et la part du fret dans la charge utile totale. Certaines compagnies aériennes sont gérées de manière plus efficace que d’autres,(17) ce qui se traduit par moins d’émissions par passager.(18) Toutefois, les facteurs les plus critiques restent la consommation de carburant des avions et la densité de sièges.(19)
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#4 Utiliser des moteurs de recherche qui rendent transparent l'impact sur le climat
Utilisez des moteurs de recherche qui fournissent une estimation des émissions de gaz à effet de serre par vol. Par exemple, le modèle d’impact sur les voyages fournit une estimation des émissions par siège/passager pour chaque vol en intégrant des facteurs tels que l’origine et la destination du vol, le type d’avion, la classe de cabine et la configuration des sièges, les facteurs de charge et l’utilisation moyenne de l’avion. Google flights utilise ce modèle, mais il convient de noter que les effets autres que le CO2 ne sont pas encore pris en compte (radiative forcing) et que les données relatives aux émissions devront être ajustées à des fins de reporting.
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#5 Adapter le processus de réservation
Que les vols soient réservés directement par le personnel, par l’intermédiaire d’un service interne ou d’une agence de voyage, assurez-vous que les émissions par vol sont présentées et prises en compte dans le choix final. Adaptez le processus de réservation pour privilégier les itinéraires les moins émetteurs, par des mesures volontaires et obligatoires (afficher les itinéraires les moins émissifs en premier, obliger le personnel à privilégier les itinéraires les moins émissifs, autoriser une certaine augmentation de prix pour les vols directs, etc.)
À prendre en considération
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Bénéfices potentiels
- Économies de coûts : Les compagnies aériennes efficaces ont souvent des coûts opérationnels plus faibles, ce qui permet de proposer des prix de billets plus compétitifs. Choisir la classe économique offre également des économies supplémentaires.
- Encourager la durabilité : Favoriser les compagnies aériennes efficaces crée une demande pour des pratiques plus durables dans l’industrie.
- Bénéfices pour la santé : À l’échelle mondiale, réduire les émissions liées aux voyages aériens diminue les particules fines et la pollution sonore, ce qui est bénéfique pour la santé publique.
- Amélioration de l’efficacité : Choisir des vols directs réduit le temps de voyage, élimine les transferts de bagages et diminue le risque de correspondances manquées.
- Bien-être des employés : Bien que la classe économique puisse être moins confortable lors de longs trajets, les vols directs peuvent permettre aux employés d’arriver plus reposés.
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Conditions de réussite
- Donner l’exemple : Les responsables et les dirigeants doivent montrer l’exemple en choisissant des vols moins émissifs.
- Politique de voyage mise à jour : La politique de voyage de l’organisation doit inclure la préférence pour les vols à faibles émissions et veiller à son application.
- Gestion du budget : Les coûts plus élevés des vols directs peuvent être compensés en choisissant la classe économique ou en réduisant le nombre de voyages. Réserver tôt aide également à maîtriser les dépenses.
- Sensibilisation : Impliquer les dirigeants dans le processus décisionnel est essentiel pour garantir l’adhésion et une acceptation plus large au sein de l’organisation.
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Prérequis et considérations spécifiques
- Disponibilité : Les vols directs ou ceux opérés par des compagnies aériennes plus efficaces ne sont pas toujours disponibles.
- Intégration de la politique : La mise en œuvre de cette solution nécessite des ajustements dans la politique de voyage et les outils de réservation.
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Risques potentiels
- Temps de réservation accru : Choisir des itinéraires ou des compagnies aériennes plus efficaces peut nécessiter un effort supplémentaire lors du processus de réservation.
- Augmentation des coûts : Les vols directs sont souvent plus chers que les options avec correspondance.
- Confort des employés : Certains employés peuvent percevoir un passage de la classe premium à la classe économique comme une perte de bénéfices.
Outils et bonnes pratiques
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Climate Action Accelerator, Boîte à outils voyages professionnels, 2024 (en anglais)
Le Climate Action Accelerator a développé une boîte à outils pour aider les organisations à mettre en œuvre leur objectif de réduction des émissions liées aux voyages professionnels.
Lien ici -
Google flights, Intégration des données sur les émissions
Google flights est un outil permettant de choisir l'option la moins émissive lors du processus de réservation. Il est basé sur le modèle d'impact des voyages (Travel Impact Model). Il calcule des estimations d'émissions de CO2 en fonction de facteurs tels que la distance de vol, le type d'avion et la classe de passagers. Cependant, les émissions du calculateur ne prennent actuellement pas en compte les effets autres que le CO2 (indice de forçage radiatif, IFR). Pour le calcul de l'empreinte carbone les données doivent être ajustées pour tenir compte du IFR.
Lien ici -
Atmosfair, Classement de l'efficacité des compagnies aériennes, 2018 (en anglais)
L'AAI utilise une méthodologie rigoureuse pour classer les compagnies aériennes en fonction de leur efficacité CO2, fournissant ainsi un outil précieux pour les voyages et la prise de décision, avec un classement des compagnies aériennes de A à G.
Lien ici -
ICCT, Classement de l'efficacité énergétique des compagnies aériennes transatlantiques, 2017 (en anglais)
Ce document facilite le choix d'une compagnie aérienne pour une meilleure efficacité énergétique, en classant les compagnies en fonction du nombre de vols, de la durée, de la part de sièges-kilomètres disponibles pour les passagers, et des avions les plus répandus. Ce classement est complété par des calculs d'efficacité énergétique, ainsi que par des visualisations de l'excédent de carburant et de la consommation de carburant des avions par compagnie aérienne. Globalement, il s'agit d'un guide qui aide à déterminer les compagnies aériennes à privilégier dans la prise de décision en matière de voyage.
Lien ici
Pour aller plus loin
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Carbone4, Idées reçues sur l'aviation et le climat, 2022
La page web décrit l'impact des avions sur le changement climatique et définit des sujets tels que les effets non liés au CO2 et les émissions croissantes du fret aérien. Elle explique comment les différentes avancées technologiques, telles que l'efficacité énergétique et les carburants alternatifs, sont fondamentales, tout en insistant sur la nécessité de réduire la croissance du trafic aérien et de modifier les comportements pour atteindre les objectifs climatiques.
Lien ici -
Site web "Stay grounded", 2024
Stay Grounded est un réseau de plus de 200 associations qui font campagne pour une réduction du transport aérien et de ses effets négatifs sur le climat et la santé. Son site web rassemble des informations et des critiques constructives sur les politiques climatiques à travers une variété de fiches d'information, de rapports, de guides, de documents de discussion et d'études de cas.
Lien ici -
AIE, Aviation, 2024 (en anglais)
L'Agence internationale de l'énergie fournit des faits et des chiffres sur l'aviation, tout en suivant les progrès réalisés par l'industrie dans le cadre du scénario "zéro émission nette d'ici à 2050". Le site web rassemble des informations simples sur les mesures techniques liées aux carburants à faibles émissions, aux améliorations des cellules et des moteurs d'avion, à l'optimisation opérationnelle et décrit les développements politiques connexes.
Lien ici -
Future Tracker, La classe de vol et son impact sur votre empreinte carbone, 2023 (en anglais)
Le document explique les raisons de la différence d'émissions de CO2 entre les billets de première classe, de classe affaires et de classe économique. Il est présenté comme une "simple opportunité" d'inciter à un changement de comportement.
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Dernière mise à jour le 25 août 2024.
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Sources
(1) International Panel on Climate Change, ‘Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change’, chapter 10.5.1, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(2) N. Dolsak, ‘Different approaches to reducing aviation emissions: reviewing the structure-agency debate in climate policy’, Nature Portfolio, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(3) Climate Action Accelerator, ‘Roadmap for halving emissions in the humanitarian sector by 2030 a path to climate-smart humanitarian action’, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(4) C. Lopez de la Osa, ‘Non CO2 effects of aviation : time to finally address aviation’s full climate impact’, T&C, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(5) M. Klower, ‘Quantifying aviation’s contribution to global warming’, Environmental research, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(6) Carbon Brief, ‘Explainer: The challenge of tackling aviation’s non-CO2 emissions’, Clear on Climate, 2017. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(7) S. Zheng, D. Rutherford, ‘Variation in aviation emissions by itinerary: The case for emissions disclosure’, The ICCT, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(8) S. Amant, N. Meunier, C. Mallet, M. Subtil, B. Nossek, L. Delage, ‘Preconceived ideas on aviation and climate’, Carbone4, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(9) IPCC, ‘Aviation and the Global Atmosphere’, Reports, 1999. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(10) S. Amant, N. Meunier, C. Mallet, M. Subtil, B. Nossek, L. Delage, ‘Preconceived ideas on aviation and climate’, Carbone4, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(11) Future cleantech architects, ‘The basics and the gaps’, Aviation, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(12) S.Zheng, D. Rutherford, ‘Variation in aviation emissions by itinerary: The case for emissions disclosure’, The ICCT, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024)
(13) S. Amant, N. Meunier, C. Mallet, M. Subtil, B. Nossek, L. Delage, ‘Preconceived ideas on aviation and climate’, Carbone4, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(14) Economy class: 79 gCO2 per pkm vs business class: 228 gCO2 per pkm. GHG Protocol, ‘Defra emissions factors’, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(15) B. Graver, D. Rutherford, ‘Carbon intensity gap surged to a new high of 63% for transatlantic carriers in 2017’, The ICCT, 2018. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(16) Climate Coalition, ‘Travel’, GCC, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(17) B. Graver, D. Rutherford, ‘Carbon intensity gap surged to a new high of 63% for transatlantic carriers in 2017’, The ICCT, 2018. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(18) Atmosfair, ‘Atmosfair Airline Index’, 2018. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(19) T. Johnson, A. Murphy, A. Kharina, A. Smorodin, ‘Transatlantic airline fuel efficiency ranking’, The ICCT, 2018. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
Credits
Photo de couverture : Cottonbro/Pexels