Pourquoi est-ce important ?
Dans un monde globalisé où les voyages sont devenus une activité quotidienne et où le transport aérien est considéré comme une norme sociale, l’aviation est devenue l’une des sources d’émissions de gaz à effet de serre dont la croissance est la plus rapide, contribuant actuellement à 2,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre(1). D’ici 2050, cette part pourrait augmenter à 22 %(2). Si l’on tient compte des effets autres que le CO2 (principalement la formation de traînées de condensation persistantes et les réactions atmosphériques provoquées par les émissions de NOx), l’aviation a contribué à 4 % de l’augmentation de la température mondiale depuis l’ère préindustrielle.(3) Au niveau sectoriel, les déplacements professionnels représentent 7 % de l’empreinte carbone totale du secteur de l’aide internationale(4).
Les trains sont nettement moins gourmands en carbone, produisant entre sept et plus de 40 fois moins d’émissions que les avions.(5) Pour de nombreux trajets de courte ou moyenne distance, le train est autant et même plus rapide que l’avion, si l’on tient compte des procédures aéroportuaires et du temps des trajets entre le centre-ville et l’aéroport. Par exemple, en transférant la moitié des vols intérieurs britanniques vers le rail, on économiserait près de 410 000 tonnes de carbone par an, ce qui équivaut à retirer 283 000 voitures de la circulation.(6)
Quelle est la solution ?
Lorsqu’un voyage est essentiel et ne peut être évité, le train doit être considéré comme l’option privilégiée. Pour faciliter le passage de l’avion au train, les organisations devraient établir des règles qui donnent la priorité au train (ou au bus) par rapport à l’avion pour les déplacements professionnels lorsque c’est possible. Encourager et faciliter l’utilisation des trains de nuit peut également être bénéfique pour les voyages longue distance. Les vols court-courriers devraient être remplacés par des trajets en train afin de minimiser les émissions inutiles dues à l’aviation. Il est important de définir les augmentations de coûts acceptables pour le choix du train et éventuellement aussi fournir des incitations pour faciliter son adoption. Enfin, l’alignement des politiques de voyage avec des outils permettant la réservation combinée de billets d’avion et de train permettra de rationaliser le processus et de renforcer l’engagement en faveur d’options de voyage plus écologiques.
Point d'attention
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Point d'attention: coût du voyage en train
L’avion reste une option populaire pour beaucoup en raison des prix compétitifs des billets sur le marché. D’importantes subventions permettent aux compagnies aériennes d’offrir des prix bas, en particulier aux transporteurs à bas prix. Toutefois, ces vols bon marché s’accompagnent de coûts environnementaux et sociaux élevés, notamment en ce qui concerne l’impact sur le climat, l’exploitation des travailleurs et la perte de biodiversité. Cette situation crée un paysage concurrentiel inéquitable qui désavantage les chemins de fer européens, qui sont confrontés à des défis tels que des systèmes de billetterie transfrontaliers complexes et incohérents et une tarification dépendant de l’opérateur, l’indisponibilité des billets de train plus de quelques mois à l’avance pour certaines compagnies, et la nécessité de réserver des billets multiples auprès de différents opérateurs. Actuellement, le cadre réglementaire favorise les compagnies aériennes par rapport aux chemins de fer : ces défis soulignent la nécessité de changements structurels et d’interventions politiques.(7)
Actions clés
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#1 Fixer des règles pour les voyages
Créer des règles dans la politique de voyage de l’organisation, qui interdisent ou limitent les voyages en avion en dessous d’un seuil de distance ou de durée de voyage, le train étant alors obligatoire. Alternativement, privilégier le train (y compris le train de nuit) ou le bus à l’avion sur la base d’un seuil de différence de temps de trajet (par exemple 4 heures de centre ville à centre ville).
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#2 Encourager et faciliter l'utilisation des trains de nuit
Les trains de nuit pourraient remplacer de nombreux vols en Europe. L’utilisation des trains de nuit permet également d’économiser sur les frais d’hôtel.
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#3 Remplacer les vols de correspondance courts par des voyages en train
Dans un scénario de meilleures pratiques, compte tenu de la disponibilité du réseau et du contexte géographique, les organisations devraient transférer tous les vols et les vols de correspondance de moins de 300 km vers le rail, avec des transferts partiels pour les trajets allant jusqu’à 1 000 km lorsque cela est possible.(11)
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#4 Définir un seuil pour les augmentations de coût acceptables
Bien que les billets de train soient parfois plus chers que les billets d’avion, les employés doivent pouvoir réserver un train dont le prix augmente jusqu’à un certain seuil, par exemple 20 %(12). Si les augmentations de prix doivent être soumises à l’approbation de la direction, il est important de tenir compte des économies réalisées grâce à la réduction des voyages en avion.
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#5 Réserver à l'avance
Encouragez et incitez à réserver à l’avance les voyages en train, car les prix seront plus bas que lors de la dernière réunion de réservation.
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#6 Proposer des incitations pour les voyages en train
Rembourser les frais supplémentaires de nuitée pour le choix de l’option de voyage la plus écologique (train, bus ou voiture pour les groupes de plus de 4 personnes(13)). Il est recommandé de mettre à disposition des cartes de réduction ferroviaire (par exemple, railcard, half-fare card, advantage card, climate ticket) gratuitement pour tous les employés ; elles peuvent également être utilisées à titre privé. Définissez dans votre politique de voyage les trajets pour lesquels les voyages en train en 1ère classe peuvent être remboursés (par exemple, plus de x km ou plus de y heures).
À prendre en considération
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Co-bénéfices potentiels
- Efficacité améliorée : Les trains offrent souvent un embarquement plus rapide et moins de retards par rapport aux voyages aériens, ce qui entraîne des temps de voyage globaux plus courts.
- Solutions rentables : Bien que certains billets de train puissent être plus chers, des économies globales peuvent être réalisées en réduisant les frais de voyage associés (comme les transferts aéroportuaires et les frais de bagages).
- Satisfaction des employés : Des conditions de voyage plus confortables et moins de stress liés aux procédures aéroportuaires peuvent conduire à une meilleure morale et à une productivité accrue des employés.
- Réputation renforcée : S’engager en faveur d’un voyage durable améliore la réputation de l’entreprise en tant qu’organisation responsable.
- Amélioration de l’équilibre travail-vie personnelle : Les voyages en train peuvent permettre un meilleur équilibre travail-vie personnelle, les employés ayant la possibilité de travailler ou de se détendre pendant les trajets sans les pressions liées à l’aviation.
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Conditions de réussite
- Soutien de la direction : L’engagement de la direction est crucial pour mener l’initiative et garantir une allocation efficace des ressources.
- Infrastructure ferroviaire fiable : Un réseau ferroviaire bien développé et bien entretenu est essentiel pour un service fiable.
- Accès à des options à grande vitesse : La disponibilité de services ferroviaires à grande vitesse augmente considérablement l’attrait du voyage en train pour de plus longues distances.
- Politiques de voyage claires : Des politiques de voyage bien définies qui incitent à l’utilisation du train et décrivent les procédures de remboursement peuvent guider les choix des employés.
- Formation des employés : Éduquer les employés sur les avantages et la logistique des voyages en train peut favoriser l’acceptation et l’enthousiasme.
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Prérequis et spécificités
- Disponibilité des itinéraires : Les trains doivent être disponibles pour les destinations clés où les employés voyagent fréquemment.
- Intégration avec d’autres moyens de transport : Des connexions avec les systèmes de transport public locaux facilitent les trajets sans interruption depuis la maison jusqu’à la gare et au-delà.
- Allocation budgétaire : Des ressources financières appropriées doivent être consacrées pour soutenir la transition et couvrir les coûts supplémentaires.
- Systèmes de suivi : La mise en œuvre de systèmes de suivi pour mesurer l’impact environnemental des choix de voyage contribue à garantir la responsabilité.
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Risques potentiels
- Services ferroviaires inadéquats : Les options de train limitées peuvent ne pas répondre aux besoins de tous les employés, en particulier dans les zones éloignées.
- Coûts plus élevés pour certains itinéraires : Certains services de train à grande distance ou à grande vitesse peuvent avoir des tarifs plus élevés par rapport aux compagnies aériennes à bas prix.
- Résistance au changement : Les employés habitués aux voyages aériens peuvent être réticents à adopter les options ferroviaires.
- Perturbations de service : Des problèmes météorologiques ou d’entretien peuvent entraîner des défis opérationnels et des retards dans les services ferroviaires.
Outils et bonnes pratiques
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Climate Action Accelerator, Boîte à outils pour les professionnels du voyage, 2024 (en anglais)
Le Climate Action Accelerator a développé une boîte à outils pour les professionnels du voyage afin d'aider les organisations à mettre en œuvre leur objectif de réduction des émissions liées aux déplacements.
Lire ici -
L'UE se remet sur les rails, Carte des trains de nuit de l'UE, 2024 (en anglais)
La liste est un extrait de la base de données Open Night Trains, un projet visant à collecter et à enrichir automatiquement des informations supplémentaires sur les trains de nuit actuellement en circulation, qui sont également affichées sur une carte des trains de nuit.
Lien ici -
Chronotrain, Où pouvez-vous aller en train en 8h ? (en anglais)
Cet outil permet aux utilisateurs de visualiser les différents lieux accessibles en train dans un laps de temps donné (1, 2, jusqu'à 8 heures). Chronotrain propose ensuite une liste d'outils de réservation directement liés au site web.
Lien ici -
Université d'Amsterdam, Tableau comparatif des temps de trajet avion/train (en anglais)
L'arbre de décision interactive pour la prise de décision en matière de voyage durable, comprend une liste d'itinéraires « Train contre avion » avec les différences de temps de voyage, d'émissions et de transferts pour différentes destinations européennes.
Lien ici -
Ecopassenger, comparateur d'émissions des modes de transport 2024
Cet outil compare la consommation d'énergie, les émissions de CO2 et d'autres impacts environnementaux pour les avions, les voitures et les trains dans le transport de passagers. EcoPassenger permet de comprendre clairement l'empreinte carbone de chaque mode, une information essentielle pour développer des politiques sur l'impact du transport sur le changement climatique. L'outil affiche des résultats basés sur des méthodologies transparentes et scientifiquement étayées.
Lien ici -
OMIO, Comparateur de gestion des déplacements par mode de transport 2024
Le planificateur de voyage propose différentes alternatives, notamment en train, en bus, en avion et en ferry, pour un même trajet. Il compare les prix des billets et les différentes compagnies.
Lien ici -
SNCF, Incitations financières et offres entreprises, 2024
La SNCF propose des forfaits pour les voyages d'affaires, offrant des incitations financières pour passer du transport aérien au transport ferroviaire. Ces offres comprennent des trajets de ville à ville, ainsi que des bilans carbone d'entreprise téléchargeables calculant la différence d'empreinte environnementale générée par le choix de prendre le train plutôt que l'avion.
Lien ici -
Travel Smart Campaign, De l'avion au train – checklist (en anglais)
Ce document contient une liste de contrôle, des études de cas et un arbre de décision. Les principaux sujets abordés sont l'élaboration de politiques ferroviaires, l'utilisation des agences de voyage et l'influence sur le changement de comportement des employés.
Lien ici
Pour aller plus loin
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Greenpeace, Restez sur la bonne voie : Des alternatives en train aux vols court-courriers en Europe, 2021 (en anglais)
Greenpeace fournit une carte des principaux itinéraires pour lesquels il existe des alternatives au train en moins de 6 heures. Par exemple, 29 % des 250 principaux itinéraires européens (UE+NO+UK+CH) peuvent être parcourus en moins de 6 heures par le train (voir la carte et la liste en lien). Des recommandations sur la prise de décision en matière de voyage, ainsi que des comparaisons d'émissions basées sur le choix du transport sont données. Cela aide à définir les seuils politiques d'une organisation pour les voyages en avion et à trouver des alternatives moins intensives en carbone ou plus efficaces (y compris les trains de nuit, les voyages court-courriers, etc.)
Lien ici -
Agence européenne pour l'environnement, Train ou avion ? 2020 (en anglais)
Le rapport évalue les voyages en train et en avion, en soulignant que le train est généralement l'option la plus sensé après la marche ou le vélo. Bien que l'aviation produise davantage d'émissions par passager-kilomètre, les déplacements en voiture à essence ou diesel, surtout s'ils sont effectués seuls, peuvent être plus dommageables pour l'environnement.
Lien ici -
Greenpeace, Ticket prices of planes vs trains: a Europe wide analysis, 2023
En analysant 112 itinéraires européens et en comparant les tarifs aériens et ferroviaires sur 9 jours différents pour chaque itinéraire, ce rapport montre dans quelle mesure les citoyens européens sont encouragés à prendre l'avion. Il identifie également les raisons de ces différences de prix et propose des solutions pour rendre le rail compétitif sur tous les itinéraires.
Lien ici -
Restez sur terre, Nous devons parler de l'avion ! 2024
Le site web fournit une vue d'ensemble de l'impact environnemental de l'aviation, en mettant l'accent sur sa contribution significative au changement climatique et sur les différentes questions qui s'y rapportent.
Lien ici
Acknowledgements
Dernière mise à jour le 20 août 2024
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Sources
(1) International Panel on Climate Change, ‘Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change’, chapter 10.5.1, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(2) N. Dolsak, ‘Different approaches to reducing aviation emissions: reviewing the structure-agency debate in climate policy’, Nature Portfolio, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(3) M. Klower, ‘Quantifying aviation’s contribution to global warming’, Environmental research, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(4) Climate Action Accelerator, ‘Roadmap for halving emissions in the humanitarian sector by 2030 a path to climate-smart humanitarian action’, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(5) ‘Greenhouse gas reporting: conversion factors 2023’, gov.uk, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(6) Campaign for Better Transport, ‘Plane speaking, Moving journeys from air to rail’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(7) Greenpeace, ‘Ticket prices of planes vs trains a Europe-wide analysis’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(8) Greenpeace, ‘Ticket prices of planes vs trains a Europe-wide analysis’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(9) Transport and Environment, ‘Maximising air to rail journeys’, 2020. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(10) Transport and Environment, ‘Maximising air to rail journeys’, 2020. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(11) Transport and Environment, ‘Maximising air to rail journeys’, 2020. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(12) Greenpeace, ‘Ticket prices of planes vs trains a Europe-wide analysis’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(13) YouMatter, ‘You Matter Planes Or Cars – Which Pollutes The Most? Which Is More Sustainable?’, 2020. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
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Credits
Photo de couverture : Mike Kotsch/Unsplash