Pourquoi est-ce important ?
Dans un monde globalisé où les voyages sont devenus une activité quotidienne et où le transport aérien est considéré comme une norme sociale, l’aviation est devenue l’une des sources d’émissions de gaz à effet de serre dont la croissance est la plus rapide, contribuant actuellement à 2,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre(1). D’ici 2050, cette part pourrait augmenter à 22 %(2). Si l’on tient compte des effets autres que le CO2 (principalement la formation de traînées de condensation persistantes et les réactions atmosphériques provoquées par les émissions de NOx), l’aviation a contribué à 4 % de l’augmentation de la température mondiale depuis l’ère préindustrielle.(3) Au niveau sectoriel, les déplacements professionnels représentent 7 % de l’empreinte carbone totale du secteur de l’aide internationale.(4)
L’aviation est l’un des secteurs les plus difficiles à décarboniser en raison de sa dépendance aux combustibles fossiles et du fait que le secteur est « enfermé » dans des infrastructures dont le renouvellement prend du temps.(5) Historiquement, la croissance du secteur a été plus rapide que les améliorations en matière d’efficacité énergétique : Malgré l’amélioration continue de l’efficacité énergétique des avions, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 42 % entre 2005 et 2019, uniquement en raison de la croissance du trafic aérien.(6) Les projections montrent que le trafic total de passagers dans le monde devrait augmenter de 4,3 % par an entre 2023 et 2042.(7)
Ainsi, la première et la plus efficace des mesures de réduction des émissions liées aux déplacements consiste à réduire radicalement le nombre de vols. Afin d’atteindre des objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre , il est essentiel que les organisations se fixent des objectifs de réduction des émissions liées aux déplacements professionnels et mettent en œuvre des actions stratégiques visant à réduire les déplacements aériens.(8)
Quelle est la solution ?
De nombreux vols sont considérés comme « nécessaires » et « inévitables », mais il est essentiel de remettre en question cette perception de la nécessité, car de nombreux vols ne sont pas vraiment indispensables.(9)
Le moyen le plus efficace pour les organisations de réduire l’empreinte carbone de leurs déplacements est de réduire les besoins en déplacements, en particulier les déplacements en avion. Cela implique d’identifier les raisons des déplacements afin de trouver des alternatives, de déplacer les réunions et les événements en ligne lorsque c’est possible, et de revoir la nécessité et le lieu des réunions en personne. Il s’agit également de réduire le nombre de participants qui voyagent, de combiner les voyages pour minimiser les vols et d’allonger les périodes d’affectation. En outre, il est important de recruter de préférence localement afin de limiter les déplacements internationaux et d’encourager les déplacements régionaux, ainsi que de mettre à jour les politiques de RH afin d’encourager la réduction des déplacements. Ces mesures doivent s’inscrire dans une stratégie plus large visant à réduire l’empreinte carbone de l’organisation.
Point d'attention
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Point d'attention
Réduire la demande dans le secteur de l’aviation : Pour décarboniser le secteur de l’aviation, il est important de prendre en compte des paramètres tels que l’efficacité énergétique et l’intensité carbone des carburants, en plus de la réduction de la demande. Cependant, une seule organisation n’a pas la possibilité d’influencer le choix du carburant pour des vols spécifiques ou d’utiliser exclusivement les avions les plus efficaces, et encore moins d’influencer des conditions structurelles telles que l’infrastructure aéroportuaire, la compatibilité des avions, la disponibilité et les coûts des carburants propres. Au niveau de l’organisation, le moyen le plus efficace de réduire les émissions est donc de se concentrer sur la réduction du nombre de vols. En accentuant le nombre de kilomètres parcourus par les passagers et le fret, les organisations ont un contrôle direct sur leurs émissions.(10)
Actions clés
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#1 Questionner les motifs de déplacement
L’identification des motifs de déplacement et des groupes qui prennent l’avion au sein d’une organisation permet de déterminer les leviers de réduction. Reconsidérer un choix de voyage, revoir et réduire les raisons pertinentes de voyager permet de limiter de manière significative les voyages en avion.(17)
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#2 Passer aux réunions et événements en ligne
Passer aux réunions et événements en ligne chaque fois que cela est possible, car il n’est pas nécessaire que toutes les discussions se déroulent en présentiel. Cela implique de repenser le processus de prise de décision et de définir quand des rencontres en présentiel sont nécessaires, et quand celles-ci peuvent être remplacées par des rencontres en ligne.(18)
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#3 Revoir les lieux de réunion, de formation et d'événement
Examiner le choix des lieux de réunion et de formation afin de minimiser les déplacements. Si des réunions en présentiel sont nécessaires, choisir un lieu à mi-chemin entre la majorité des participants et veiller à ce qu’il soit accessible aussi par des transports publics terrestres.
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#4 Réduire le nombre de participants par voyage
Enforce the coordination of staff travel plans by limiting the size of the group that travels to the same event or destination. Check with colleagues to see if anyone else is planning to travel to the same place and could represent your interests, or if you could represent theirs(19). The team lead should ensure that the number of participants is set to the minimum.
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#5 Combiner les voyages
Une planification préalable des voyages prévues permet de réduire le nombre de vols nécessaires. En regroupant dans la mesure du possible les déplacements vers des régions géographiquement proches ou en regroupant dans le même voyage plusieurs réunions indépendantes, il est possible de réduire considérablement les émissions dues aux déplacements en avion.(20)
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#6 Prolonger la durée des missions
Prolonger la durée des missions afin de minimiser le taux de rotation. En outre, une politique de gestion des congés du personnel favorisant la prise de congés prolongés pour se rendre dans le pays d’origine peut aussi contribuer à éviter les allers-retours excessifs.
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#7 Recruter localement
Révisez votre approche du recrutement et votre politique de ressources humaines et engagez du personnel locaux.
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#8 Mettre à jour les directives RH concernant les voyages
Mettre à jour les directives RH concernant les voyages en y incluant des mesures incitatives et dissuasives pour faciliter la mise en œuvre des mesures susmentionnées.
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#9 Établir un budget carbone
La mise en place d’un budget carbone aide les organisations à gérer et à réduire les émissions de gaz à effet de serre en attribuant un seuil fixe d’émissions à différents départements ou unités. Cela permet un meilleur suivi et une plus grande flexibilité dans la manière dont les unités « dépensent » leurs émissions. Bien qu’il faille du temps pour définir les seuils et gérer les dépassements, une organisation par budget carbone permet de réduire efficacement les émissions liées aux déplacements.
À prendre en considération
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Co-bénéfices potentiels
- Réduction significative des coûts : Moins de dépenses pour les vols, hébergements et frais connexes.
- Augmentation du temps et de la productivité du personnel : Moins de temps passé en déplacement permet de se concentrer davantage sur le travail.
- Amélioration de l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle : Moins de perturbations dans les horaires personnels.
- Réduction des risques pour la santé : Moins de stress et de fatigue associés aux déplacements fréquents.
- Promotion de l’égalité : Favorise des opportunités équilibrées entre pays et genres en limitant les hiérarchies liées aux déplacements.
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Conditions de réussite
- Engagement de la direction : Soutien clair de l’organisation pour prioriser la réduction des déplacements.
- Objectifs définis : Cibles globales et spécifiques par département pour suivre les progrès.
- Validation des missions et déplacements : Revue par la direction pour s’assurer de la nécessité des voyages en lien avec les objectifs organisationnels.
- Implication des ressources humaines : Intégration des stratégies de réduction des déplacements dans les politiques RH.
- Politique de voyage alignée sur les objectifs climatiques : Assurer une cohérence avec les ambitions de durabilité de l’organisation.
- Sensibilisation du personnel : Formation et communication pour encourager l’adhésion aux pratiques de réduction des déplacements.
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Prérequis et spécificités
- Outils informatiques et infrastructures virtuelles : Accès à des logiciels fiables pour la collaboration à distance (ex. : visioconférence).
- Connexion internet haut débit : Essentielle pour une communication virtuelle fluide et une productivité efficace.
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Risques potentiels
- Réduction des interactions humaines : Les réunions virtuelles peuvent limiter la richesse des échanges en présentiel.
- Résistance des employés : Certains peuvent considérer les voyages d’affaires comme un avantage acquis ou un symbole de statut.
- Impact inégal : Des disparités peuvent émerger entre les employés et la direction concernant les opportunités de voyage, bien que cela favorise globalement l’équité internationale.
Outils et bonnes pratiques
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Climate Action Accelerator, Boîte à outils voyages professionnels, 2024 (en anglais)
Le Climate Action Accelerator a développé une boîte à outils pour les voyages professionnels afin d'aider les organisations à mettre en œuvre leur objectif de réduction des émissions liées aux déplacements.
Lien ici -
World Resource Institute, Boîte à outils pour les voyages professionnels, 2024 (en anglais)
Cette boîte à outils guide l'utilisateur dans l'analyse des émissions liées aux déplacements professionnels, y compris les facteurs, les outils et les études de cas permettant de calculer les émissions et de fixer des objectifs scientifiques pour les organisations.
Lien ici -
OACI, Calculateur de réunions vertes, 2024 (en anglais)
Cet outil est conçu pour faciliter la prise de décision en matière de réduction des émissions de GES dues aux déplacements en avion pour assister à des réunions. Le logiciel permet de définir l’emplacement optimal pour une réunion afin de minimiser les émissions de GES liées aux déplacements, en fonction de la provenance et du nombre de participants, ainsi que d'autres paramètres.
Lien ici -
Entreprise espagnole de soins de santé, L'impact environnemental de la télémédecine sur la réduction des émissions de CO2, 2022 (en anglais)
Un prestataire de soins de santé espagnol a analysé la réduction de ses émissions grâce à la télémédecine et à l'accès numérique aux rapports médicaux. Les rendez-vous numériques et les téléchargements de rapports médicaux ont conduit à une réduction totale de 6 655 tonnes de CO2. Chaque rendez-vous numérique a permis d'économiser en moyenne 3,057 kg de CO2, et chaque téléchargement de rapport numérique a permis d'économiser 1,5 kg de CO2.
Lien ici -
Travel check, Arbre de décision interactif (en anglais)
L'arbre de décision interactif fournit des solutions personnalisées basées sur le motif du voyage. Par le biais de questions oui/non et de faits « saviez-vous », il guide l'utilisateur vers de meilleures alternatives afin de le sensibiliser aux meilleures pratiques, aux chiffres clés et aux possibilités de réduction.
Lien ici -
Université d’Amsterdam, Arbre de décision voyages durable Europe (en anglais)
L'arbre de décision interactif pour la prise de décision en matière de voyage durable, comprend une liste d'itinéraires « train contre avion » avec les différences de temps de voyage, d'émissions et de transferts pour différentes destinations européennes.
Lien ici
Pour aller plus loin
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Stay grounded, Croissance de l'aviation, 2019 (en anglais)
Le rapport présente les stratégies visant à contrer la croissance de l'industrie de l'aviation, qui contribue de manière significative au changement climatique. Le document souligne la nécessité de réduire radicalement l'aviation, en particulier dans les pays du Nord, afin de parvenir à une justice écologique et sociale.
Lien ici -
Assemblée citoyenne pour le climat au Royaume-Uni : La voie vers la neutralité carbone, 2019 (en anglais)
Ce rapport présente les résultats et les conclusions de l'assemblée climatique du Royaume-Uni, un processus unique qui a rassemblé un groupe représentatif de 108 citoyens britanniques afin de discuter et de hiérarchiser les mesures que le Royaume-Uni devrait prendre pour parvenir à des émissions nettes nulles, en mettant l'accent sur la mobilité et le transport aérien.
Lien ici -
Coalition pour des voyages d'affaires durables, Guide, 2022 (en anglais)
Ce guide propose des conseils pour faciliter la refonte des politiques de voyage des organisations afin de réduire l'impact environnemental des voyages d'affaires internationaux, ainsi que des chiffres clés et des témoignages.
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Dernière mise à jour le 20 août 2024.
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Vols les moins émissifs
Sources
(1) International Panel on Climate Change, ‘Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change’, chapter 10.5.1, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(2) N. Dolsak, ‘Different approaches to reducing aviation emissions: reviewing the structure-agency debate in climate policy’, Nature Portfolio, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(3) M. Klower, ‘Quantifying aviation’s contribution to global warming’, Environmental research, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(4) Climate Action Accelerator, ‘Roadmap for halving emissions in the humanitarian sector by 2030 a path to climate-smart humanitarian action’, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(5) International Panel on Climate Change, ‘Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change’, chapter 10.5.1, 2022. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(6) The Shift Project, ‘Flying in 2050. Aviation in a world under constraint’, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(7) Airports Council International, Air travel demand updates, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(8) ‘Path to net 0’, Climate Assembly UK, 2021. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(9) S. Gossling, ‘Can we fly less? Evaluating the ‘necessity’ of air travel’, ora.ox, 2019. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(10) H. Ritchie, ‘What share of global CO₂ emissions come from aviation?’, Our world in data, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(11) Stay grounded, ‘Frequently Asked Questions about Aviation and Climate Justice’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(12) Average emissions of a French person: 9.3 tonnes of CO2 eq. Ministry of energy and transition of France, ‘Carbon footprint and territorial emissions’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(13) Stay grounded, ‘We have to talk about flying!’, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(14) Aviation Environment Federation, ‘Should we fly less ? The inequality of air travel’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(15) Gossling, ‘The global scale, distribution and growth of aviation: Implications for climate change’, 2020. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(16) CNBC, ‘Boeing CEO: Over 80% of the world has never taken a flight’, 2017. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(17) S. Gossling, ‘Can we fly less? Evaluating the ‘necessity’ of air travel’, ora.ox, 2019. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(18) A. Muller, ‘The choice between business travel and video conferencing after COVID-19’, ScienceDirect, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(19) University of Bristol, ‘Reduce the need to travel’, 2023. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
(20) Gallery Climate Coalition, ‘Travel’, GCC, 2024. Disponible ici (consulté le 21 août 2024).
Credits
Photo de couverture : Zachary Debottis/Pexels